La courbe des taux : Définition et fonctionnement.
Comme indiqué en introduction, on appelle « courbe des taux » la courbe de rendement des obligations d’une même entité comme un Etat et sur différentes échéances. Le taux d’intérêt des obligations est en effet défini par le biais de plusieurs facteurs dont :
- Les conditions économiques du pays concerné comme la croissance économique ou encore les prévisions en ce qui concerne l’inflation. Par exemple et quand le marché s’attend à une inflation plus importante que l’objectif de la banque centrale, il anticipe aussi une hausse des taux directeurs.
- Le risque de crédit en ce qui concerne l’emprunteur, c’est-à-dire le risque que cet emprunteur se trouve en défaut de paiement et ne puisse rembourser sa dette.
- Enfin la durée de l’obligation est également prise en compte et correspond à la durée que vous devrez attendre pour récupérer votre capital.
En résumé, plus l’émetteur d’une obligation présente de risque, plus le délai de remboursement est long et plus le taux d’intérêt de cette obligation sera important dans le but de vous dédommager. Mais en ce qui concerne certaines obligations à faible risque comme les bons du trésor, c’est la duration et non la durée de cette obligation qui sera le facteur le plus important.
On retiendra donc ici que plus la maturité est longue et le coupon faible, plus il faudra attendre pour récupérer l’investissement. Il s’agit d’une duration longue. Or, plus cette duration est longue et plus elle est sensible aux risques de taux et plus les rendements attendus pourront être élevés.
La courbe des taux permet également de comparer les rendements obligataires entre les obligations de maturités différentes. Lorsque cette courbe est raide, cela montre une forte différence entre les obligations à long terme et à court terme alors qu’une courbe plus plate indiquera une faible différence de rendement entre ces deux obligations.
Le plus souvent, la courbe des taux qui est utilisée comme indicateur boursier est celle des bons du trésor qui sont les obligations jugées les moins risquées mais aussi les plus populaires, ce qui rend leur rendement impactant sur les autres marchés.
Anticiper une récession avec l’inversion de la courbe des taux :
L’inversion de la courbe des taux exprime le fait que les obligations de longue durée présentent des taux inférieurs à celles de courte durée, ce qui est généralement l’inverse. On identifie cette inversion de la courbe des taux lorsque le rendement de l’obligation à 10 ans devient moins important que celui de l’obligation à deux ans.
Si on s’intéresse par exemple à la courbe des taux pour les Etats-Unis, on observe une inversion de cette courbe avant chaque période de récession économique mais ce n’est pas forcément le cas pour tous les pays du monde. En effet et si on observe cette fois la courbe des taux de l’Australie, on remarque que le pays n’est pas tombé en récession après les nombreuses inversions de courbe des taux subies, notamment grâce au fait que son économie est tirée par la Chine et les autres économies émergentes de l’Asie.
De la même manière, la courbe des taux du Japon, qui est une économie très lente avec des taux d’intérêt très bas depuis de nombreuses décennies, n’a connu aucune inversion de courbe depuis 1991 mais le pays a tout de même connu plusieurs récessions. Sa courbe des taux avait alors tendance à s’aplatir mais sans réellement s’inverser.
On en conclut donc que si la courbe des taux présente un intérêt certain en termes d’analyse, elle ne doit pas être considérée comme un indicateur fiable à 100% pour détecter une récession économique à venir.
L’impact de la courbe des taux sur le marché des actions en Bourse :
Les taux des obligations ont un impact important sur les actions puisque les obligations d’Etat sont considérées comme sans risque. En effet, les investisseurs n’investiront pas sur les entreprises dont le rendement est inférieur ou égal au taux obligataire. On retiendra ainsi que la hausse des taux obligataires a tendance à nuire au marché des actions en fonction de la raison pour laquelle les taux augmentent.
Cependant, certaines valeurs peuvent profiter de la hausse des taux obligataires selon la manière dont elles sont valorisées. Rappelons ici que la valorisation des entreprises varie selon le modèle d’actualisation des flux de trésorerie, qui consiste à valoriser une entreprise sur la base de la somme de tous les cash-flow qu’elle génère et que les actionnaires recevront en actualisant ces données et en les comparant à l’alternative sans risque que représentent les obligations d’Etat.
On peut ainsi comparer une action en bourse à une obligation sans coupon fixe. Le dividende de cette action varie en effet selon les bénéfices et la croissance future de ces derniers pour l’entreprise. On utilise souvent les obligations d’Etat comme comparaison avec les actions car ce sont les plus proches en termes de durée, les actions ayant théoriquement une durée illimitée.
L’impact de la courbe des taux selon le type d’action :
L’impact de la courbe des taux ne sera pas non plus le même selon le type d’action concerné.
Pour les actions défensives qui présentent des bénéfices réguliers, stables et une croissance prévisible des revenus, la duration est plus courte. Ainsi, l’actualisation des flux de trésorerie après une hausse des taux obligataires ne va influencer que peu le cours de Bourse d’une telle valeur.
En ce qui concerne les actions de croissance qui génèrent peu de bénéfices, la duration sera plus longue. Ainsi, ces entreprises seront plus sensibles aux changements de taux obligataires puisque la hausse des rendements aura un effet de dépréciation plus fort sur l’actualisation des flux de trésorerie.
Pour les actions bancaires, qui concernent les banques et les assureurs, la hausse des taux obligataire a un effet particulier et positif. En effet, les profits générés par ces entreprises dépendent fortement de la courbe des taux puisqu’une banque emprunte les dépôts bancaires de ses clients ou auprès d’une banque centrale, d’autres banques commerciales ou sur les marchés et prête ensuite ces fonds sur le long terme aux entreprises et aux particuliers avec des taux plus élevés. Ainsi, plus la courbe des taux est raide et plus l’écart entre les taux à long terme et à court terme est important et plus la marge des banques le sera aussi. Sans compter que cette pentification de la courbe est souvent provoquée par des perspectives économiques plus intéressantes.
Enfin, les actions cycliques comme celle de l’industrie, ne profitent pas directement de cette pentification mais augmentent uniquement grâce à la croissance du marché.